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Newsletter #16


Le monde se refroidit, mais nous, on se chauffe ! 


On refait le plein de combustible pour alimenter nos moteurs, on se retrouve dans les cafés pour boire du chocolat chaud, on s’informe, on discute de quelques nouvelles publications, comme Faire justice. Moralisme progressiste et pratiques punitives dans la lutte contre les violences sexistes d’Elsa Deck Marsault et Les hommes et le féminisme. Faux amis, poseurs ou alliés ? de Francis Dupuis-Déri (pour ne citer que ceux-là), on lance de nouveaux projets. 


Certaines choses prennent du temps : l’hiver, c’est la saison où on pousse vers le bas, vers l’intérieur. C’est en approfondissant nos racines et en étant attentif·ve·s au mouvement du monde à l’extérieur de nous que l’on s’assure d’aller loin. 

# L'air du temps

À moins que vous ne viviez dans une grotte (ou dans un confortable enrobage de déni), vous n’avez pas pu manquer le fait que le monde est actuellement traversé par des irruptions de violence. On ne va pas expliquer dans cette newsletter ce qui se passe actuellement à Gaza, au Congo, en Ukraine, au Myanmar ou ailleurs – considérant que vous savez déjà ou respectant la distance précautionneuse que vous pourriez avoir envie de mettre entre vous et les manifestations de l’horreur; en revanche, on ne veut pas le taire non plus. 


Nous nous efforçons de penser l’actuel. Penser l’actuel, ça ne veut pas dire faire des analogies (du type : “on revit aujourd’hui la même chose que dans les années 30 : une crise économique mène au totalitarisme voilà tout est dit”). Il y a dans ces analogies une forme de constat qui nous déresponsabilise, l’évocation d’un sens de l’Histoire déterministe, fataliste, cynique. Le monde bouge, change et évolue, le fascisme prend désormais d’autres visages. Néanmoins, il y a bien quelque chose qui persiste : c’est la difficulté que nous avons à nous saisir comme responsables, la difficulté que nous avons à transformer nos récits de façon à saisir que certes nous nous sentons souvent impuissant·e·s, mais cette impuissance n’est pas synonyme d’incapacité ou d’irresponsabilité. 


Il n’y a pas de tête à couper ni de monstre à trouver. Il y a nous, des humains ordinaires menant des vies ordinaires. Il n’y aura pas de révolution qui, du jour au lendemain, enverra balader nos fantômes du passé. Il y a nous et notre devoir quotidien à l’égard d’autrui : développer une attention à l’autre, ouvrir des espaces de rencontre, de conversation, se renseigner, aller en manif, renforcer nos solidarités, faire collectif, interpeller nos politiques et surtout, ne pas fermer les yeux pour préserver son confort. 


En Belgique, nous héritons d’un passé raciste, colonial, patriarcal, hétérosexiste, classiste, validiste. La manière dont nous héritons de ce passé structure en grande partie la façon dont nous œuvrons au quotidien : qui sommes-nous dans ce vaste champ politique ? Comment user de nos privilèges pour se positionner, pour exercer nos responsabilités ? À l’heure actuelle, les lois concernant l’immigration assument totalement le racisme qui les constitue. À l’heure actuelle, les chiffres concernant les violences sexistes et sexuelles stagnent ou augmentent. À l’heure actuelle, les inégalités économiques et sociales se creusent jusqu’à dessiner un canyon. L’intersectionnalité des luttes est plus qu’une nécessité : il nous incombe de se décentrer, de regarder ailleurs que notre nombril, afin de voir que la violence qui s’exerce ailleurs ne nous est pas si lointaine. 


Prenons le temps de faire un examen de conscience : est-ce que finalement, ce ne serait pas l’ordinaire et la banalité de l’horreur contre laquelle il faudrait lutter ?


Si vous ne savez où et comment agir, commencez par rejoindre les manifestations, reprendre la rue dès que faire se peut. Mettez un drapeau Free Palestine à votre fenêtre. Soyez généreux, apprenez à rencontrer l’autre, lisez des livres, posez les questions que vous sentez taboues. Ne considérez pas que “ça va passer” : l’extrême droite n’en est qu’à ses débuts, et est en bonne voie pour se pérenniser (aux Pays-Bas, en Argentine, en Palestine et ailleurs et qui sait, bientôt chez nous aussi). 



# Retour sur la mensuelle de novembre

Ça y est : notre troisième saison a été lancée avec la mensuelle de novembre ! Nous étions très content·e·s de nous retrouver et d’accueillir de nouvelles personnes après ces 4 mois de pause  🙂


Pour commencer cette année, nous avions choisi le thème des “mécanismes de résistance” au féminisme et à l’égalité, et plus largement au changement. Le 25 novembre (journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes) nous l’a rappelé : 1 femme sur 5 a déjà subi des violences physiques ou sexuelles de la part d’un de ses compagnons dans l’Union Européenne ; déjà 23 féminicides en Belgique en 2023, 9 femmes sur 10 ont déjà été victimes de harcèlement de rue en Belgique… Pourtant, combien d’hommes se sentent concernés dans ces chiffres ? Combien reconnaissent leur rôle plus ou moins actif dans le maintien de ces violences ? 


Avant de pouvoir se questionner sur ses propres mécanismes de résistance, encore faut-il se penser comme faisant partie du problème. Accepter de regarder sous le masque social du mec sympa qu’on se donne, c’est accepter d’adopter un autre regard, un autre narratif : celui de l’agent du patriarcat, celui de l’oppresseur, celui de l’agresseur. C’est angoissant, vertigineux, oui – mais nécessaire si on veut réellement contribuer à diminuer les violences et les inégalités. Certains présents à la mensuelle de novembre l’ont relevé : ils invitent inlassablement leurs amis à venir à La Bonne Poire, sans obtenir de réponse positive car ceux-ci rétorquent « j’en n’ai pas besoin ». 


Lors de la mensuelle, nous avons pu dégager quelques questions à se poser quand on se sent être dans une posture de défense : 

  • Quels mécanismes j’utilise : déni, évitement, apathie, fausses excuses, renversement de la faute, défense, victimisation, etc. 

  • Dans quelles circonstances : on me confronte à un comportement problématique que j’ai eu, à une agression que j’ai commise, à une inégale répartition du travail domestique ou des tâches ménagères, de la charge contraceptive, de la charge sexuelle, de la charge émotionnelle, de la charge mentale - la liste peut être encore longue, vous avez compris l’idée ;

  • Comment se détacher de ces mécanismes de résistance : 1) reconnaître (ne pas être dans le déni, dans une stratégie d’évitement, de renversement de la faute ou tout autre mécanisme de résistance) et s’excuser ; 2) se responsabiliser (conscientiser mes comportements problématiques, mettre tout en oeuvre pour que je ne le reproduise plus, c’est-à-dire travailler activement dessus) ;

  • Observer qui prend la charge mentale et émotionnelle d’ouvrir le conflit (et éventuellement de l’apaiser ensuite) ;

  • L’après : est-ce un changement de surface ou plus profond ? Nos anciennes façon de penser, de réagir restent enfouies en nous et resurgissent parfois : il ne pas faire comme si elles n’existaient plus ! En prendre conscience et les visibiliser permet d’ouvrir un espace coopérant pour travailler dessus, et possiblement être un exemple pédagogique pour les autres hommes. 


Les mécanismes de résistance au sein d’un groupe ou collectif ont aussi été discutés. Comment faire face à une personne qui est dans une posture de résistance ? Et plus précisément comment se désolidariser d’ami·e·s antiféministes ? Comment assumer une image de moi pro-féministe au sein d’un groupe d’hommes ? Comment desserrer les rangs, être traître à son genre ? 


Merci pour ces échanges riches, et à bientôt pour la prochaine mensuelle ! 


# À venir en décembre

Pour cette mensuelle du 12 décembre, nous vous proposons le thème “masculinités, care et soin”. L’approche de l’hiver, l’état du monde et la dépression saisonnière nous ont comme invité·es à penser le soin : le soin des autres, de soi, du monde. 

Travail émotionnel et affectif, travail domestique et de maintenance, travail contraceptif, travail invisible, travail dévalorisé : vous l’aurez compris, le soin est un travail. Avec des personnes qui le font et d’autres qui en bénéficient et ce, sans même le remarquer, ni d’ailleurs s’en soucier. 

Or, nous sommes toustes imbriqué·e·s dans des relations de soin, que ce soit avec nos ami·e·s, nos amours, notre famille, nos collègues, des personnes plus jeunes ou plus âgées et même des inconnu·e·s.

Alors qui prend soin de nous et de qui prenons-nous soin ? Comment (mieux) prendre soin des autres ? Comment rendre nos relations (plus) égalitaires par le soin ? Comment faire du soin une responsabilité collective ?


Infos pratiques

  • Le mardi 12 décembre 2023

  • Ouverture des portes à 18h30, début de l’activité à 19h et fermeture à 22h30.

  • À La Vieille Chéchette (2 rue du Monténégro - 1060 Saint-Gilles)

  • ​​Pour qui ? Nous espérons que cette activité touche principalement des hommes. Si tu es intéressé·e et que tu n'es pas un homme, tu es lae bienvenu·e ! Mais c'est encore mieux si tu viens accompagné·e :) 

  • Le nombre de places est limité. Inscription souhaitée via ce formulaire

  • Prix libre et conscient

  • Événement Facebook


“Tous les hommes soutiennent et perpétuent le sexisme et l’oppression sexiste d’une manière ou d’une autre. [...] S’ils ne doivent pas culpabiliser d’avoir intégré le sexisme, ils doivent cependant assumer la responsabilité de l'éliminer." (bell hooks)


Comment porter cette responsabilité ? Quels sont les outils dont nous disposons actuellement ? Quels sont les angles morts ? Comment se mettre aux côtés des féministes quand on est un homme ? Comment être un bon allié, dans la vie privée comme dans la sphère publique et l’action militante ? Et cela sans tomber dans une attitude paternaliste, sans occuper l’avant de la scène avant de disparaître à la première difficulté ?


On teste ici un nouveau format :  l’écoute collective d’un épisode des Couilles sur la table (le dernier sorti). Dans cet épisode, Francis Dupuis-Déri tente de répondre aux questions soulevées ci-dessus. Et comme on aime construire collectivement des réflexions, l’écoute sera suivie d’une discussion pour mettre en commun nos questionnements, impressions, observations et avancer toustes ensemble.


Pour l’occasion, la galerie that's what x said (merci à elles !) nous accueillera vendredi 15 décembre à partir de 18h. N’hésite pas à prendre ton oreiller, coussin ou couverture pour être confortable durant l’écoute.


Nous espérons que cette activité touche principalement des hommes. Si tu es intéressé·e et que tu n'es pas un homme, tu es lae bienvenu·e ! Mais c'est encore mieux si tu viens accompagné·e :)


Infos pratiques

  • Le vendredi 15 décembre 2023

  • À la galerie that's what x said - 142 rue Blaes, 1000 Bruxelles

  • Ouverture des portes à 18h ; début de l’activité à 18h15 ; fermeture à 21h.

  • Le nombre de places est limité, l’événement est victime de son succès et déjà complet à l’heure où nous envoyons cette newsletter.

  • Prix libre et conscient

  • Événement Facebook



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