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Newsletter #23



En 2021 et 2022, on a lancé notre première activité début décembre. L’année passée, notre première mensuelle s’est tenue en novembre. Tenez-vous bien : cette année, la reprise, c’est en octobre ! Heh ! Ça s’explique en partie parce que la majorité de l’équipe n’est plus prof, ce qui rend notre rentrée un peu moins dense, mais aussi parce que le projet se structure davantage. D’initiative militante lancée comme une bouteille à la mer, on a évolué vers quelque chose de plus installé – au moins dans les agendas. Nos projets sont aussi de plus en plus ambitieux à mesure qu’on avance. On a encore plein de choses dans les cartons pour cette année  ! 

 

Bienvenue à La Bonne Poire : Saison 4 !


Au programme

  • Intentions pour cette quatrième saison

  • Réflexion : la ligne de démarcation entre les “gens bien” et les autres

  • Évolution du site web : découvrez enfin qui nous sommes !

  • Prochain événement : la mensuelle d'octobre



# Intentions pour cette quatrième saison

Trois ans, c’est un cycle, un peu. Si on devait donner un titre à ce premier chapitre de notre existence collective, on dirait “apprentissage”. Nous nous sommes, dès le début de La Bonne Poire, mises à l’écoute de notre public dans une forme d’aveu de “on ne sait rien”. Le territoire des masculinités était un peu nouveau pour nous (enfin, moins pour Leila que pour d’autres), on a fait un appel à qui veut arpenter ces mers ensemble et on a levé l’ancre. Depuis, on peut le dire : notre embarcation a roulé sa bosse, chacun·e a appris beaucoup. Pour cette saison, disons qu’on se cherche moins et de ce fait, on peut y aller ! 


Nos intentions pour ce nouveau chapitre sont de consolider ce qui est déjà en place mais aussi d’ouvrir nos voiles, de prendre de l’ampleur. On est prêt·es à prendre le large !


Côté “consolider ce qui est déjà en place” : On veut que nos espaces restent accessibles, que chacun·e puisse facilement ouvrir la porte et trouver sa place, découvrir et s’approprier le projet sans trop de difficultés. Les mensuelles semblent répondre à cette attente. Ce format nous a offert en régularité et en visibilité, on va certainement le poursuivre sur cette voie. Dans nos rêves les plus fous, on envisage de faire évoluer un peu le cadre pour explorer de nouvelles possibilités et thèmes. 


À côté de ça, La Bonne Poire est en passe de prendre forme dans une ASBL ! On espère que cela nous permettra de pérenniser le projet, de construire des partenariats, d’obtenir des soutiens et de proposer de nouveaux axes de travail ! 💪


Côté “prendre le large” : Ces thématiques et le souhait de prendre de la hauteur nous occupaient déjà beaucoup l’année passée, qui a été une année de transition, un nécessaire temps d’exploration, de réflexion et de discussions pour imaginer la suite du projet ensemble. On sent qu’on a aujourd’hui les outils, l’ancrage et la légitimité d’affronter des dossiers plus complexes et plus lourds. Alors au programme :


** Violences sexistes et sexuelles

Depuis la création de La Bonne Poire, il ne s’est pas passé 3 mois sans qu’on reçoive un message qui dit “je suis auteur de violences sexuelles et je cherche de l’aide/de l’accompagnement/qu’est-ce que je peux faire ?” On a, jusqu’ici, pas trop trop donné suite aux demandes individuelles. On a lancé en 2023 un petit cycle “Qu’est-ce qu’on fait des agressions ?” qui n’a pas été mené jusqu’au bout pour cause de ✨burnout✨. Et puis plus généralement, c’est un sujet qui demande beaucoup de travail. Ces deux dernières années, on a beaucoup échangé et on s’est beaucoup formé·es. Un nouveau groupe de travail a été créé en interne sur le sujet et on a plein de pistes pour avancer 🙂


** Masculinisme et Men's work

L’année passée, plusieurs journaux ont consacré un dossier au masculinisme. Comment se fait-il que les hommes se sentent, en moyenne, si peu concernés ? C’est comme si cela ne touchait que les autres, ces pauvres types qu’ils ne côtoient pas, alors que l’influence de ceux-là gagne du terrain et tisse de nouveaux lieux de rencontre entre les suprémacistes blancs, les climatosceptiques et les autres copains de l’extrême droite. 


Aussi, comment se fait-il que les groupes d’hommes qui cherchent à se rendre conscients de leur condition d’homme tendent (inéluctablement ?) à glisser vers des postures antiféministes ? Et comment se fait-il que tant d’hommes engagés dans du Men’s work l’ignorent alors que c’est documenté depuis si longtemps ? 


Le paysage des initiatives qui s’adressent aux hommes en tant qu’hommes est très fractionné, avec en son centre une épaisse tranche de mecs qui se sentent soit pas concernés, soit paralysés par la peur. En étant vigilant·es à toutes les formes de rebranding du masculin qui permettraient de rendre plus confortables ses privilèges (et donc les dominations, qui se traduisent par des violences très concrètes), on veut comprendre comment ce paysage se structure, où se rencontrent développement personnel et militantisme ainsi que tous les endroits où les deux ne se rencontrent pas.


** Militantisme et action politique

Comment faire des hommes des alliés fiables – des complices ! – des luttes pour l’égalité et l’émancipation ? Comment construire les conditions pour qu’on puisse lutter côte à côte, se faire confiance ? On veut faire attention à la façon dont le sexisme ordinaire continue de structurer les espaces militants. C’est aussi une invitation pour les hommes de ne pas se confiner au travail sur soi, sur les émotions, sur les relations, mais à aussi chercher à avoir une action plus macro, pour rendre visible combien la lutte antipatriarcale n’est pas qu’une lutte de l’intime, mais qu’elle s’inscrit dans des systèmes de pouvoirs main dans la main avec le capitalisme, le (néo)colonialisme, les idéologies d’extrême droite.


On met le cap sur de grandes questions et on vous racontera le voyage, pour sûr ! Dans la continuité de la dernière newsletter, on veut continuer à œuvrer ensemble et à ouvrir des espaces dans lesquels les discussions, les désaccords, deviennent les bases de réflexions qui nous font grandir collectivement.




# Réflexion : la ligne de démarcation entre les "gens bien" et les autres

C’est un peu cynique, mais avec le temps, on en est venues à considérer (sans aucun dispositif scientifique pertinent #statistiques_à_l’arrache) que lorsqu’une féministe s’adresse à un homme, maximum 5% de ce qu’elle dit sera entendu par son interlocuteur. Garder ce pourcentage en tête nous permet de ne pas surinvestir les échanges et d’être plus stratégique : si seulement 5% de ce que l'on dit a une chance d’être ouï, alors comment faire en sorte que ces 5% comptent ? Quel est le plus petit pas possible pour faire avancer mon interlocuteur vers la compréhension de ce que je dis ? Cela permet aussi de doser l’ambition : ça n’importe pas que mon exposé ait été 100% clair et documenté, ni qu’il ait donné à voir en quelques minutes l’étendue de la complexité des dominations systémiques dans lesquelles nous sommes empêtré·es. Même si l’on parvient à obtenir un super effet “waw” sur une prise de parole, l'interlocuteur va rafraîchir sa mémoire peu après notre échange et ne sera capable d’en métaboliser qu’une infime fraction. Penser comme ça permet malgré tout de garder espoir : quand même, à chaque fois qu’on parle, 5% de nos propos ont une chance d’être intégrés. Finalement, il suffit d’avoir les mêmes conversations environ 20 fois à des intervalles plus ou moins longues pour enfin être entendues ! (on vous laisse décider de si ça vous fait garder espoir ou non) 🌟


Où est-ce qu’on veut en venir avec ça ? Et bien, en y repensant, #MeToo a eu lieu en 2017, soit il y a 7 ans. Un nombre absolument hallucinant de femmes s’exprime au sujet des violences sexuelles qu’elles ont subies. Le monde est sous le choc. Ce n’est pas “l’allumeuse du lycée” – “celle qui l’avait quand même bien cherché” (hein, toi-même tu sais) – non : c’est ta soeur, ta mère, ta cousine, ton amie, ta collègue, ta directrice, ta copine, ta boulangère, ton éducatrice canine, ta coiffeuse, ta psy, ta coach sportive, l’institutrice de tes enfants, la vendeuse du nightshop, la meilleure amie de ta copine, l’ex de ton meilleur pote (attends est-ce que ça veut dire que… 🤔), la go que tu suis sur insta parce qu’elle est bonne, celle qui fait des tutos cuisine en étant drôle, ta voisine de palier, ta partenaire de badminton - bref. Ce sont elles toutes là, toutes celles qui parlent et celles dont on peut deviner qu’elles se taisent.


Beaucoup de choses ont été dites, depuis. Mais malgré tous les contenus qui ont été générés sur le sujet, notre conscience collective patriarcale (pas si collective puisque les manettes sont aux mains des hommes patriarcaux) a retenu deux choses : (1) beaucoup plus de femmes qu’on ne le croit ont été victimes et (2) il y a des gros prédateurs qui ont vraiment beaucoup de pouvoir et eux, c’est des vrais méchants (Weinstein, DSK et co). Tout ce qui a été dit après (des trucs subtils du genre : “le violeur c’est toi (oui toi !), c’est ton meilleur pote, c’est ton frère, c’est ton père, c’est ton oncle, c’est ton bro du hockey, c’est ton-...”), tout ça c’est rentré d’une oreille et c’est ressorti de l’autre, ou ça a été survolé comme les notes en bas de pages d’un contrat un peu long. 



All men or not all men, that is the question 💀

Le procès de l’affaire Pelicot ouvre dans le débat public une nouvelle fenêtre de conversation pour reprendre ces échanges où ils en étaient apparemment restés. On s’interroge à nouveau en grande pompe sur ces hommes qui ont commis des choses horribles. Ces 51 inculpés (identifiés à partir des milliers de vidéos retrouvées) sont-ils des hommes normaux ? Y a-t-il une différence entre Dominique Pelicot (un vrai méchant ?) et les autres (des… euh… des mecs bien qui violent ?) ? Les violences sexuelles ne semblent toujours pas, au vu des réactions de choc que cette affaire suscite, le fait des hommes ordinaires... 


Un journaliste dit : “C’est peut-être le premier grand procès de la masculinité, où on prend collectivement conscience que notre manière d’être des hommes a des conséquences.” Et il poursuit : “Même si beaucoup de féministes le savaient déjà (😱❗), pour beaucoup de monde, pour le grand public, c’est une forme de prise de conscience assez salutaire.” Allez les filles, allez courage, on va y arriver ! De petit pas en petit pas, à chaque fois qu’on met le paquet, 5% de ce qu’on dit a une chance de percoler – peut-être cette fois-ci, on va pouvoir atteindre un nouveau palier dans la quête de rendre obsolète la fameuse ligne de démarcation entre les mecs bien et… Comment on les appelle, les autres ? Les mecs problématiques ?



Une invitation à arrêter d’utiliser le mot “problématique”

Cela fait un moment que nous menons un combat contre le mot “problématique”. On aimerait qu’il soit abandonné, qu’on l’efface de notre vocabulaire pour désigner des comportements, pour une raison très simple : c’est un mot qu’on tend à utiliser par paresse et il ne nous rend pas service.


“Problématique” si on regarde au dictionnaire, ça veut dire “qui pose problème, qui est difficile à résoudre” ou encore “qui est équivoque, suspect ou mystérieux”. La chose logique à faire, si on identifie que quelqu’un est problématique, c’est de qualifier le problème afin de trouver la solution. Une problématique demande à être résolue ! Mais souvent on ne le fait pas, parce qu’en réalité, on utilise le mot “problématique” pour disqualifier la personne. On dit : “Bidule est [quelqu’un de] problématique” et boum, il y a maintenant une ligne de démarcation entre nous et Bidule. “Machin a des comportements problématiques” et boum, un voile tombe sur Machin, qui rejoint le banc des suspects, l’anti-chambre de l’exclusion. Mais qu’est-ce que ça veut dire, pour Bidule, d’être problématique ? Est-ce que Bidule et Machin et Trucmuche sont problématiques de la même manière ? De quels problèmes est-ce qu’on parle exactement ?


Ceci est une invitation à abandonner le mot “problématique” et à qualifier les comportements que l’on voit. Est-ce que Trucmuche est “problématique” parce qu’iel : 

  • génère de l'insécurité

  • met des gens mal à l'aise

  • génère des rapports de force/de la domination

  • écrase les autres/quelqu'un en particulier

  • ne tient pas compte des limites des autres

  • coupe la parole

  • est maladroit·e

  • est incompétent·e ou ignorant·e

  • manque de soin

  • n’est pas fiable

  • est violent·e

  • est agressif·ve

  • s'approprie tout l'espace/l’attention

  • est étouffant·e ?

  • Autre, précisez : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 


Lorsqu’on utilise le mot “problématique” pour disqualifier quelqu’un, cela contribue à créer un climat dans lequel il est difficile d’assumer la responsabilité de ses actes et, par là, de les comprendre et de s’efforcer de faire mieux. Et si il faut qu’on devienne collectivement meilleur·es pour identifier et dénoncer les comportements qui participent de systèmes de dominations et de la perpétuation des violences, il faut aussi qu’on devienne meilleur·es pour soutenir les gens qui cherchent à évoluer dans le bon sens. 


Certaines situations donnent parfois l’impression que ce qui est “problématique” est contagieux : on le met à distance, comme si on avait peur d’être éclaboussé·es, comme s’il était simple de créer un contraste important entre quelqu’un de problématique et quelqu’un qui ne le serait pas si on les met à distance… mais que si on les rapproche, il pourrait apparaître que tout le monde est un peu en teinte de gris. Pour référencer une nouvelle fois Hannah Gatsby : “Si vous avez besoin de croire que quelqu’un d’autre est mauvais pour croire que vous, vous êtes bon, vous tracez une ligne très dangereuse”. 


Cela fait partie du discours que tiennent beaucoup de féministes depuis longtemps, qui n’a pas encore passé les filtres de nos prises de consciences collectives mais qui, espérons, est peut-être en passe d’être intégré : l’enjeu n’est pas d’identifier et d’exclure les personnes problématiques, de les pointer du doigt ou de les couvrir de honte. L’enjeu est de créer un contexte dans lequel chacun·e pourra se regarder à travers les yeux des autres et voir ce que ça nous fait. 




# Évolution du site web : découvrez enfin qui nous sommes !

Cet été, notre site s’est refait une beauté, grâce aux belles illustrations de Marion Demeulenaere ! 


Notre site est une archive des 3 dernières années de La Bonne Poire. Vous pouvez y retrouver tous nos anciens événements et les prochains à venir, nos newsletters (qui contiennent des réflexions et des retours de nos événements), tout un tas de ressources sur diverses thématiques ainsi qu’un point de contact. La section “à propos” est une nouveauté, vous pouvez en découvrir plus sur nous. 


Tant qu’on est dans la communication, on en profite pour rappeler qu’on a une page Instagram ainsi qu’une page Facebook. Tous les événements sont annoncés sur chaque plateforme, impossible donc de les louper 🙂


Ça y est, vous êtes paré·es pour la rentrée et nous suivre dans cette nouvelle saison ! 




# Prochain événement : la mensuelle d'octobre

Notre toute première mensuelle a eu lieu en janvier 2023 : on y parlait d’amitiés masculines. Et c’est pas qu’on manque de sujets, quinze mensuelles plus tard, mais on avait vraiment envie de reparler de ce thème qui nous est cher, tant il met en évidence la manière dont le genre dessine nos rapports sociaux. Qui sont nos amis et quelle intimité émotionnelle s’autorise-t-on avec eux ? Quelles sont les amitiés qu’on garde ? Comment rompt-on une amitié ? Qu’est-ce que les amitiés masculines ont de spécifique ? Qu’est-ce qui se dit entre mecs ? Et qu’est-ce qu’on n’ose pas dire ? Qu’en est-il de la solidarité masculine et du boys’ club, du care et de la solitude ? 


Que tu sois venu à la première édition ou pas, sois le bienvenu : ce sera l’occasion de prendre du recul sur ce qui a changé (ou pas) dans tes amitiés masculines ou d’en discuter pour la première fois ensemble !


C’est quoi une mensuelle ? L’idée de la mensuelle, c’est que ça soit un espace convivial, intimiste et sécurisant pour permettre de se rencontrer, d’échanger nos vécus, nos idées, d’accueillir et de réfléchir, de se mettre au travail ensemble pour se libérer de ce que le patriarcat essaie d’imposer comme étant normal (ou pas) afin d’imaginer et d’investir un monde plus juste et plus joyeux.


Les mensuelles sont également des espaces où rencontrer d’autres hommes qui sont dans une démarche anti-patriarcale, pour faire connaissance, pour rencontrer des compagnons de route, pour se sentir moins seul dans sa démarche.


La qualité des échanges qui ont lieu ici dépend en grande partie de ce qu’on investit dedans. Les mensuelles sont l’occasion d’investir un travail de conversation. Comme dans un sport de ballon – ou au frisbee – la fluidité des échanges dépend de l’attention que chacun peut déployer, de sa présence, du positionnement les un·es par rapport aux autres. Soyez généreux·ses et soyez attentif·ves : avez-vous besoin de prendre du recul ? De digérer ce qui vient d’être dit ? La personne en face de vous a-t-elle besoin d’écoute, de soutien, d’une question pour l’aider à clarifier son propos ? La conversation est un art coopératif.


Infos pratiques

  • Quand ? Le mardi 8 octobre 2024

  • Ouverture des portes à 18h30, début de l’activité à 19h et fermeture à 22h.

  • Où ? À  La Vieille Chéchette (2 rue du Monténégro - 1060 Saint-Gilles)

  • ​​Pour qui ? Nous espérons que cette activité touche principalement des hommes. Si tu es intéressé·e et que tu n'es pas un homme, tu es lae bienvenu·e ! Mais c'est encore mieux si tu viens accompagné·e :) 

  • Le nombre de places est limité : inscription via ce formulaire.

  • Prix libre et conscient

  • Événement Facebook 


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