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Newsletter #7

Bienvenue dans cette première newsletter de La Bonne Poire : saison 2 !

Cela fait 1 an que nous créons et évoluons dans ces espaces anti-patriarcaux qui mettent les hommes et les questions de masculinités au centre. L’équipe originale constituée par Odile, Rachel et Leila s’est élargie pour devenir mixte et plus nombreuse, de façon à mener plus de projets en parallèle, à multiplier nos possibilités d’actions.



#1 La saison 2, c'est parti !

En cette deuxième saison, La Bonne Poire se déploie avec d’un côté des mensuelles et de l’autre, des activités sur des thématiques plus spécifiques.


Les mensuelles seront des espaces de rencontres, de discussions, d’échanges plus libres. Elles auront lieu dans un espace convivial, où on pourra boire un verre et être un peu libre d’aller et venir librement. Tout ce qu’on fait, c’est ouvrir un espace où chacun peut venir avec ses interrogations, ses réflexions, ses intentions, et se donner des occasions de rencontres.


En parallèle, nous continuerons à proposer des activités thématiques. Celles-ci nous permettront parfois d’aborder une question sous un angle plus théorique, par la forme d’une conférence, d’un arpentage, d’une table ronde, d’un ciné-débat ou d’autres formes que nous avons déjà pu proposer; parfois de plonger dans un atelier pratique, d’interroger nos corps, nos relations, nos aises et nos malaises, nos manières de communiquer ou d’imaginer des futurs souhaitables. Quelques thématiques sur le feu pour attiser les curiosités ? Un atelier corporel “Masculinité, performance, sentir et mouvement”, des rencontres autour de la question “Que faire des agresseurs ?”, une formation en Communication Non-Violente (CNV), des réflexions autour du male gaze, des écritures d’utopies anti-patriarcales, … nous avons de grandes ambitions !

Au travail !



#2 Se mettre au travail

C’est quoi se mettre au travail ?

Quand nous disons, à La Bonne Poire, que nous voulons nous mettre au travail sur des questions de masculinités… qu’est-ce que ça veut dire, exactement ? Est-ce qu’il s’agit de s’informer, de s’intéresser à des voix minoritaires qui tentent de dénoncer les violences ? Est-ce qu’il s’agit de ne pas agresser ou violer des gens ? Est-ce qu’il s’agit d’apprendre à réagir quand nous sommes témoins d’un commentaire ou d’un comportement problématique dans notre groupe d’ami·es ? Ou de devenir conscients de la place qu’on prend par notre gestuelle ou par nos prises de paroles, et de qui on pourrait éventuellement silencier en agissant comme ça ?


Nous constatons, au bout d’un an, qu’il y a plusieurs types de profils dans les gens qui fréquentent La Bonne Poire. D’une part, il y a ceux qui se mettent au travail. Ces personnes viennent aux rencontres régulièrement ou moins régulièrement, lisent la newsletter ou non, peu importe. La question n’est pas celle des disponibilités agenda ou de la quantité d’énergie à disposition pour être présents, ni même de “où” ça se passe : l’important c’est qu’il se passe quelque chose.

D’autre part, il y a des profils qui viennent une fois et qui repartent satisfaits. Comme si quelque chose était résolu. Comme s’ils avaient compris la question et que c’était suffisant. Comme si avoir consacré trois heures à écouter des conversations revenait à avoir fait sa part. Nous, on croit que ce deuxième profil passe à côté de quelque chose parce que le patriarcat ne se résout pas en une soirée (malheureusement) et qu’il ne se résout pas non plus uniquement par de la discussion (ce serait trop confortable). Le projet de La Bonne Poire, c’est de créer des espaces où des gens peuvent venir travailler ensemble. Pour ces gens-là, alors, cherchons à expliciter ce qu’on entend par “se mettre au travail”. Avançons par l’intermédiaire d’une anecdote :

Il y a quelques années, au sein de mon couple, on a identifié qu’il y avait du travail à faire sur la façon dont on communiquait l’un envers l’autre. Plusieurs fois on en a discuté, essayant d’identifier ce qui se passait et quelles pouvaient être les pistes d’évolution. Nous avons lus chacun de notre côté et puis ensemble ce superbe article de Corinne Monnet, “La répartition des tâches entre les femmes et les hommes dans le travail de la conversation”, et on a essayé d’être attentif·ve·s par la suite à la façon dont le travail conversationnel était réparti entre nous. Mais la situation restait très frustrante pour tous les deux. Moi, j’avais sans cesse l’impression de lui tendre des perches, de poser des questions qu’il avait l’air d’esquiver à chaque fois. Lui sentait que je cherchais quelque chose, il essayait d’y répondre mais ce n’était jamais suffisant.


Les choses ont vraiment commencé à changer lorsqu’il a suivi une formation en Communication Non-Violente (CNV), de laquelle il est sorti très enthousiasmé. Il venait d’apprendre que les émotions qu’on ressent nous permettent d’avoir accès à nos besoins et qu’en prenant la peine d’exprimer ses sentiments et ses besoins et d’écouter ceux de ses interlocuteur·ices, on pouvait créer des moment-espace de connections et trouver des voies qui prennent en compte les besoins de chacun. Suite à cette formation, il a rejoint un groupe de pratique qui continuerait à s'entraîner en ligne. Un jour, on se retrouve dans le salon. Il me dit, fatigué : “J’ai passé la matinée sur un email, j’ai retourné le propos dans ma tête dans tous les sens et j’ai écris 2 lignes. C’est l’enfer. Tu as déjà passé trois heures sur deux lignes toi ?” Je lui ai répondu : "Mais évidemment. Ça m'est arrivé très souvent.” Et de là, nous avons parlé de ce que c’est vraiment, communiquer.


La manière dont nous avons illustré notre situation, c’était à travers l’image suivante : c’était comme si, dans un jeu vidéo, son personnage venait de découvrir un nouveau domaine d’expertise dont il avait tout récemment débloqué le premier niveau. Son bonhomme était allé tuer des poulets dans le village voisin avec un petit couteau et savait maintenant manier une arme. Mon personnage de son côté faisait partie d’une guilde d’aventurier·eres méga badass qui partait en donjon combattre des créatures légendaires dont lui n’avait même pas la connaissance. Mais que font ces filles qui papotent durant des heures et des heures en buvant des cafés en terrasse ? Elles XP* dans le domaine du travail conversationnel et du care, pardi ! Jusqu’à ce matin-là, il croyait que communiquer c’était dire avec plus ou moins d’honnêteté ce qui nous passait pas la tête. Désormais, il pouvait entrevoir qu’il y avait des clés qui ouvraient ou fermaient une conversation, qu’on pouvait avoir une habilité à fluidifier ou à gêner les échanges, qu’ouvrir un espace dans lequel des gens peuvent se déposer et se rencontrer demandait du travail.


On peut observer qu’il y a plusieurs phases dans le fait de se mettre au travail. D’abord, on identifie un sujet. Puis on cherche des ressources, on s’informe. Ensuite, on essaie d’identifier une porte d’entrée : par quels moyens est-ce que je peux travailler là-dessus ? Et enfin, on retrousse ses manches et on met les mains dans le cambouis. Identifier qu’il y a un problème, ou une situation insatisfaisante, ou quelque chose qui cloche, ce n’est pas se mettre au travail : c’est à la limite sortir du déni. Mais on peut fermer les yeux aussi rapidement qu’on les ouvre : savoir ne suffit pas.


La différence entre identifier un sujet et “se mettre au travail”, c’est que dans le deuxième cas, on se met en jeu. On n’est plus spectateur devant un match en train de se faire, mais on entre dans le ring, on rejoint l’équipe. Aller sur le terrain, c’est fournir des efforts, se mettre dans des positions inconfortables, faire des erreurs, persister dans l’effort, prendre ses responsabilités, s’excuser, essayer de faire mieux.

C’est pas facile, mais c’est là qu’on ressent la joie, cette joie immense d’être vivants, de se frotter au réel et de pouvoir, peut-être, transformer le monde.


Cette année encore, à La Bonne Poire, nous vous invitons à vous mettre au travail. Chez vous, dans vos relations amicales, amoureuses, familiales, professionnelles, dans vos imaginaires et dans vos corps. Car les transformations sont nombreuses, et qu’on a les moyens de faire mieux.

* XP: terme issu de l’univers du jeu vidéo pour dire “gagner de l’expérience”.



#3 Les prochains événements : à vos agendas !

L'événement de rentrée : La bonne Poire Saison 2 ! Le 8 novembre à partir de 18h30 au Point de Chut (Rue de Liedekerke 71 à Saint-Josse), venez au lancement de cette nouvelle saison très réjouissante ! Plus informations sur l’évènement Facebook. Un atelier "Masculinité : travailler l'inconfort par le corps" le 15 décembre à 18h. La culture patriarcale exige des hommes qu'ils inhibent leurs émotions et mutilent leur vie affective. Nous pensons que la peur de l'intimité, l'inconfort de la tactilité, la difficulté de dire ses émotions peuvent passer par le rapport au corps. Avec André Chapatte, artiste, danseur, performeur et animateur sur les interactions entre corporéité et masculinité, nous vous proposons un moment de découverte de soi et de l’autre à travers le corps, les gestes, le toucher. Une rencontre médiatisée par la danse, le contact, des exercices afin de renouer avec ce corps qui semble silencieux mais qui pourtant nous en dit tant sur nous-mêmes et l’autre. Pour en savoir plus sur le déroulement de cette rencontre, pour les infos pratiques, et pour le formulaire d'inscription, rdv sur l'événement Facebook.

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